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EDITORIAL D’YVES LESGOURGUES

Cet été « météorologique » (du 1er Juin au 31 Août) aura été remarquable sur le plan climatique puisque l’agence américaine en charge de l’atmosphère et des océans (NOAA) constate qu’il s’agit des deux mois les plus chauds enregistrés depuis 140 ans.

Notre pays, qui connaît une sécheresse marquée entraînant des mesures de restrictions d’eau sur 86 départements et des dégâts parfois irréversibles sur les cultures et les forêts (dépérissement, attaques de scolytes, etc…) a été frappé par deux épisodes caniculaires assez brefs mais d’intensité inégalée avec des pointes dépassant les 40°C, notamment le 28 Juin avec 46°C mesurés à Vérargues (Hérault).

Après avoir alerté sur le fait que l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1.5°C risquait de ne pas être tenu, le GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié le 8 Août dernier un rapport intermédiaire alarmiste concernant la dégradation des sols, la déforestation et la sécurité alimentaire. Un autre rapport intermédiaire, tout aussi inquiétant, attendu pour le 25 septembre, concernera l’avenir des océans, la fonte de la calotte polaire et celle des glaciers.

Ces analyses, partagées ne l’oublions pas par les experts de 195 pays surviennent sur fond d’événements climatiques spectaculaires et notamment d’incendies de forêts parfois gigantesques ; après la Californie en 2018 on aura beaucoup parlé cette année des incendies russes (3 à 4 Millions d’ha), africains (bassin du Congo) et surtout amazoniens (boliviens et brésiliens notamment).

Face à ces situations dramatiques, les prises de position et les initiatives fleurissent.

Au-delà des interventions ultra-médiatisées de Mlle Greta Thumberg, qui trouvent un écho certain auprès des adolescents et de nombreux politiques plus ou moins bien intentionnés, on notera la campagne de boisement décrétée par l’Ethiopie qui prétend planter pas moins de 4 Milliards d’arbres sur son territoire d’ici Octobre[1]. On croit rêver et l’on aimerait obtenir le résultat d’une évaluation de ces plantations à 2 ans, par exemple…

Toujours le même emballement médiatique accompagné cette fois d’une grande confusion concernant les incendies du Brésil, dans la partie amazonienne. Impossible d’avoir des chiffres précis quand la plupart des « observateurs » font l’amalgame entre « culture sur brûlis et « brûlage des rémanents d’exploitation forestière » qui peut être une opération préalable au reboisement mais aussi au défrichement pour mise en culture, ce qui n’est pas du tout la même chose.                                                       

Ce que l’on sait cependant, contrairement au ressassement de la formule « la forêt amazonienne poumon de notre planète », c’est que le bilan « émission/absorption » des forêts tropicales tend à devenir nul, ce qui évidemment n’est pas du tout rassurant. [1]

Paradoxalement l’été le plus chaud en France n’aura pas été accompagné de la vague d’incendies de forêts qu’on aurait pu attendre. En ce début septembre où il convient encore de rester vigilants, le bilan provisoire restera comparable à celui des 3 dernières années, caractérisé par une sinistralité faible.

Notons néanmoins les incendies du Gard (près de 1000ha comprenant des cultures, de la garrigue et des forêts le 31 Juillet) et de l’Aude (500ha parcourus aux alentours du 15 Août).

Dans le massif landais, c’est surtout l’incendie d’Ychoux (150ha de pin maritime), probablement volontaire, qui a retenu l’attention.

Notre Mutuelle assurant deux sylviculteurs concernés par le sinistre, ainsi que la commune d’Ychoux (75ha brûlés), a mis un point d’honneur à indemniser rapidement les sociétaires.

Monsieur le Maire d’Ychoux, Président des communes forestières des Landes, ne devrait pas manquer de rappeler à ses collègues maires encore hésitants que l’assurance fait partie des mesures de gestion préventive indispensables dans la gouvernance d’une commune.

C’est avec d’autant plus d’émotion et un réel recueillement que toutes les forces vives de la sylviculture, de la prévention et de la lutte active s’étaient donné rendez-vous le 22 Août dernier à Ychoux (visuel en page 2), pour évoquer le souvenir des tragiques incendies du mois d’Août 1949 qui frappèrent les Landes et la Gironde, entraînant la mort atroce de 82 sauveteurs.

C’était il y a 70 ans…

Restons vigilants.

[1] Cf revue « Nature Plants « Satellite-observed pantropical carbon dynamics », LeiFan et al., Juillet 2019, article du 26 août 2019 signé Ph. Collet dans Actu Environnement.